Cinemania – L’Amour flou :
les joyeux divorcés
L’Amour flou
de Romane Bohringer et Philippe Rebbot



Romane Bohringer et Philippe Rebbot se sont rencontrés, ils se sont aimés, mariés, ont eu deux enfants, Rose et Raoul. Et puis un jour tout était fini. Serait-ce le grand méchant quotidien qui les a tués ? Toujours est-il que leur séparation s’est officialisée par la vente de leur maison et l’achat d’un nouvel appartement mitoyen : d’un côté maman, de l’autre papa, les enfants au milieu dans leur espace commun. Une situation inédite qui serait peut-être la solution à la crise du logement pour certains, mais qui a certainement été la solution à la crise du couple pour Romane et Philippe. Si on en a raté son mariage, autant réussir sa famille !
Ce deuxième arrêt à Cinemania se fera donc de nouveau sous le signe de la filiation avec L’Amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot. Les deux sont acteurs, scénaristes, réalisateurs, et leur histoire leur a inspiré cette comédie (pas vraiment) romantique aussi excentrique que séduisante. Romane est solaire, sentimentale, exaltée; Philippe a « 53 ans, pas le permis, et s’habille comme un SDF » selon son père. Les deux extériorisent chez leur psy, rigolent et s’engueulent quotidiennement. Les sujets de discorde ne manquent pas : le frère vaguement hippie qui fume du hasch, le chien qui pue, les amants de passage, l’agenda de chacun. Les occasions de rapprochement ne manquent pas non plus… en premier lieu, les petits Rose et Raoul, objets d’émerveillement et d’amour absolus.
C’est un drôle de film que cet Amour flou, qui met en scène les vrais parents et enfants de Romane Bohringer et Philippe Rebbot, assortis de quelques caméos divertissants (Reda Kateb en maniaque canin, Clémentine Autain dans son propre rôle de fantasme gauchiste). L’utilisation de photos personnelles et de vidéos de vacances au sein de ce récit « fictionnel » donne un tout nouveau sens au mot « intimité ». Le film est structuré en saynètes tragicomiques entrecoupées d’intermèdes descriptifs, souvent nappés de musique rétro, également aigre-doux. Un tas de questions sont posées : comment envisager la rupture, la place de chacun comme parent, l’obsession de l’amour, le mythe de « refaire sa vie » ? Le ton général est farfelu et tendre, un brin hystérique, et la forme est travaillée en ce sens. Et puis, Romane Bohringer fut pour moi une actrice adorée au début de sa carrière (Les Nuits fauves bien sûr, mais aussi Mina Tannenbaum, que je devrais d’ailleurs revisiter pour évaluer le passage du temps). Elle a toujours été très active au théâtre, un peu moins au cinéma. Rien que pour avoir le bonheur de la revoir au grand écran, L’Amour flou vaut largement la peine.
Le film sera projeté en première Nord-Américaine les 8 et 11 novembre dans le cadre du festival Cinemania.