FNC 2017, post-mortem :
33 films plus tard
Au cours de mon sevrage brutal post — Festival du Nouveau Cinéma, je suis déjà revenue en détail sur la section des Nouveaux alchimistes. Mais les surprises et découvertes du festival valent bien un post-mortem général. Pour moi, cette année, le FNC fut… 33 films en 10 jours! Pour clore en beauté cette aventure, voici une petite revue de mes temps forts de cette 46e édition.
Quel heureux hasard : cette année, j’ai eu la chance de voir de nombreux films récompensés par le palmarès du festival. Ava, Louve d’or 2017 est miraculeusement déjà à l’affiche des salles montréalaises depuis quelques temps (et dès aujourd’hui à la Cinémathèque québécoise), mérite encore quelques accolades. Voici donc un nouveau succès pour le coup d’essai de Léa Mysius. Malheureusement repartie pour la France au moment de l’annonce de son prix, la réalisatrice a exprimé sa joie de recevoir une Louve pour un film touchant justement aux zones de l’animalité, qui plus est d’une toute jeune adolescente. Assez sidérante, son héroïne Noée Abita aurait pu tout autant remporter le Prix d’interprétation, que s’est mérité la tout aussi formidable actrice russe Darya Zhovnar, qui éclaire de sa lumière le très sombre Closeness de Kantemir Balagov. Ava et Closeness : deux premiers films, deux cris d’émancipation, deux très beaux portraits de femmes en révolte qui auraient bien pu s’échanger leurs récompenses tant ils multiplient les richesses et les finesses. Quant au Prix de l’innovation Daniel Langlois, il fut attribué à Téhéran Tabou d’Ali Soozandeh, très sûrement à cause de sa technique d’animation ultraréaliste, au service d’un récit totalement d’actualité.
Hors palmarès, impossible de laisser de côté le Western de Valeska Grisebach, qui revitalise encore une fois ce fameux « nouveau cinéma allemand » — déjà le deuxième ou troisième du nom. Derniers jours à La Havane de Fernando Pérez est également une belle proposition, à la fois touchante, excentrique et spontanée. Côté incontournables, Andreï Zviaguintsev continue de nous torturer l’esprit et le cœur avec Loveless, plongée terrifiante dans les bassesses des relations humaines. On ne pourra certainement pas accuser le réalisateur russe de s’adoucir avec le temps! Sinon, The Square, très populaire au sein de mon cercle d’amis, est extrêmement séduisant. Ruben Östlund compense la superficialité de son analyse par une forme spirituelle et, surtout, un grand sens de l’humour. Disons que c’est plutôt rare que l’on se claque les cuisses sur la Palme d’or de Cannes, et rien que pour ça, ça vaut le détour. Finalement, mention spéciale à deux réussites du cinéma d’ici : La Petite fille qui aimait trop les allumettes, adaptation toute en clair-obscur du classique de Gaétan Soucy par Simon Lavoie, et All You Can Eat Bouddha de Ian Lagarde, un premier film insolite et magique. Ceux-là, au moins, nous sommes assurés de les recevoir sur nos écrans — aussi vite que le 3 novembre prochain pour le Lavoie.
Et ce n’est pas tout, car la saison des festivals ne fait que commencer. À bientôt!