X Quinientos :
trajectoires migrantes
X Quinientos
de Juan Andrés Arango



À l’écran, ils sont trois, tous à peine sortis de l’adolescence. Au Mexique, David a quitté son village pour les chantiers de construction de la grande ville. Très seul, il trouve dans une accueillante communauté punk un rempart contre les gangs. En Colombie, Alex retrouve sa tante et son petit frère après un exil mystérieux. Son rêve? Acheter un moteur pour son bateau et devenir pêcheur. Mais pour gagner de l’argent et tout simplement le droit de vivre tranquille, il doit intégrer la pègre locale. À Montréal, Maria débarque tout juste des Philippines. Elle vient rejoindre sa grand-mère, celle qui, il y a plusieurs années déjà, a abandonné la famille dans l’espoir d’améliorer le sort de tous. Mais sa colère est grande et sa nouvelle vie la laisse de glace…
Deuxième long-métrage du réalisateur québéco-colombien Juan Andrés Arango, X Quinientos est évidemment un ovni total dans le cinéma d’ici. C’est également une œuvre ambitieuse. Trois pays, trois lieux de tournage, trois personnages, trois récits qui s’enchevêtrent de manière fluide, dans une structure libre et créative. Les existences fragiles de David, Alex et Maria ne se rencontreront jamais. Elles se succéderont plutôt à l’aide de coupes franches, judicieuses et efficaces. Elles se relient aussi par les thématiques abordées : le deuil, l’exil, les rites de passage, les conflits entre les générations et les modes de vie, les contradictions entre l’existence rêvée et la réalité, et puis, il faut bien le dire, la violence. Le Mexique, la Colombie, les Philippines sont trois pays tristement connus pour des problèmes de société bien souvent reliés à la drogue ou à la terrible répression de celle-ci. Les (presque) enfants du film sont issus de milieux très durs, et pourtant, ils n’aspirent qu’à une quiétude basique : « Ce qui me manque, c’est la vie simple »…
Deux rythmes s’affrontent dans ce film sans compromis : tout d’abord des scènes intenses de brutalité subite, et puis des moments contemplatifs et intimes tout en silences, comme lorsque Maria caresse un petit scarabée aux couleurs chatoyantes, reliquat de sa vie d’avant. Rien ne paraît forcé ou artificiel dans cette forme éclatée. Aussi naturels sont les comédiens, tous non professionnels, vraiment authentiques et qui ne sonnent pas faux. Quant aux images, elles sont superbes, notamment dans la portion mexicaine : la fête des morts, le club punk en sous-sol… Pourtant, et il faut bien l’avouer, X Quinientos est d’une noirceur terrible. Ses derniers plans tentent bien d’insuffler un peu de positif (et le spectateur a alors envie de dire ouf), mais ils n’évitent pas totalement l’effet de cheveu sur la soupe. Le constat sur l’avenir de ces trois jeunes personnages est sombre, et nous laisse un goût amer de gâchis dans la bouche… qui ne met aucunement en cause les qualités du film, une œuvre courageuse promise à un beau destin.
Après avoir été présenté tout récemment au Festival du cinéma latino-américain de Montréal, X Quinientos prend l’affiche dès demain le 14 avril.