FNC jour 11 :
l’amour et ses secrets
La Prunelle de mes yeux
d’Axelle Ropert



Mon dernier jour de FNC 2016 fut une terre de contrastes. Suite à un peu de fatigue, la journée dans les salles obscures a commencé en fin d’après-midi avec une… comédie romantique! La Prunelle de mes yeux est le troisième long-métrage d’Axelle Ropert, qui avait fait sensation il y a quelques années avec La Famille Wolberg. On retrouve avec plaisir son ton singulier, avec encore plus d’esprit et de tendresse, dans ce nouveau récit qui couple deux frères grecs joueurs de bouzouki avec deux pétillantes sœurs, leurs voisines de palier. La romance entre Élise, aveugle de naissance, et Théo le musicien raté débute de manière passive-agressive. Comme dans toute bonne screwball comedy, il faudra du temps, des entourloupettes et quelques petits mensonges pour que la demoiselle et le jeune homme tombent dans les bras l’un de l’autre. Tout d’abord, une comédie romantique française avec 100 % de nouvelles têtes à l’écran, ça fait un bien fou — on a vu ça plus tôt dans le festival avec L’Effet aquatique. Et lorsque l’on met dans la bouche de ces charmants acteurs des dialogues délicieusement bien écrits et juste assez décalés, quel bonheur! Un soin particulier est également aux décors et aux costumes dans ce joli film qui, mine de rien, ose aborder de thématiques plus osées. Léger ne veut pas dire bête.
Mademoiselle
de Park Chan-Wook



Enfin, pour clore le festival, Mademoiselle de Park Chan-Wook. Après un petit détour dans le cinéma occidental (Stoker), le réalisateur est de retour en Corée du Sud avec une sombre histoire de meurtres, d’arnaques, d’héritage, de folie, de pendaison et d’amour saphique. Bref un parfait roman gothique anglais du XIXe siècle, et pour cause : il s’agit d’une adaptation d’un livre britannique, Fingersmith de Sarah Waters, dont l’action se situe en 1862. Park Chan-Wook déplace le tout dans la Corée de l’occupation japonaise. En guise d’Oliver Twist local, nous retrouvons Sookee, une jeune femme formée au vol, au recel et aux faux. Elle est engagée comme femme de chambre de la riche Hideko, qui vit recluse sous la chape de son oncle tyrannique dans un énorme manoir. Le but? Persuader Hideko d’épouser un (faux) comte qui la mettra bien vite à l’asile pour ensuite dilapider son magot. Dit comme ça, Mademoiselle paraît un exercice de style bien classique. Mais chaque rebondissement de son récit — et ils sont nombreux — donnera naissance à une nouvelle avenue, un nouveau point de vue, un coup de théâtre. Le film est divisé en trois parties où nous suivrons d’abord Sookee, ensuite Hideko, et finalement le comte. Qui est finalement Mademoiselle : une innocente, une femme froide, une perverse, une folle? Nappé d’intense musique orchestrale de bout en bout et filmé dans de sublimes décors, le film est un gros divertissement qui tient (parfois) de la coquille vide. Heureusement que la structure ensorcelante de son récit à tiroirs éloigne la plupart du temps l’ennui.
Et voilà! Le Festival du Nouveau Cinéma 2016 a tiré sa révérence. Quant à la festivalière épuisée mais ravie que je suis, elle reviendra sur ses coups de cœur dans les prochains jours.