FNC jour 9 :
démons et
merveilles
Lily Lane



Vendredi soir au FNC : c’est le moment de se laisser apprivoiser par le charme étrange de Lily Lane. Goûter d’abord à la musicalité si particulière de la langue hongroise, à nulle autre pareille. Appréhender enfin ce récit fragmenté, par moments expérimental, vaguement inquiétant et pourtant étrangement apaisant. Bence Fliegauf est reconnu pour réaliser des films plus poétiques que narratifs, et le prouve une fois de plus. Présenté dans la section des Nouveaux alchimistes dont le motto est « expérimentation, transformation, ravissement », Lily Lane (Liliom Osveny) est le nom d’un quartier un peu excentré dans les collines de Budapest. C’est dans cette forêt urbaine que traine Rebeka, jeune mère tout récemment séparée, et son fils de 7 ans, Dani. Les deux ont une relation fusionnelle, ponctuée de récits horrifiques que Rebeka raconte constamment à Dani, malgré l’effroi de celui-ci et les supplications de son ex-mari. Dans ces contes, les yeux jaunes d’un renard empaillé terrifient un petit garçon du nom de Miel, gardé par sa supposée mère, une sombre fée…
L’histoire de Rebeka reviendra sans cesse comme un leitmotiv, agissant comme un liant dans ce film au récit somme toute très ténu. Les débuts sont troublants : entre scènes oniriques filmées en caméra thermique et jeu très distancé de l’actrice principale Angela Stefanovics, il est difficile pour le spectateur de s’attacher à quoi que ce soit. Le film prend un tournant encore plus oppressant lorsque la mère de Rebeka meurt subitement (ou pas?). Assaillie par des souvenirs que l’on devine douloureux, la jeune femme investit alors avec Dani la maison familiale au fond des bois. Pourtant, la dernière demi-heure du film laisse place à de jolies séquences de complicité abordant le délicat thème du deuil. Au final, Lily Lane est un petit objet fragile et insolite, non dénué d’éclat.