FNC jour 4 :
portraits
Ce quatrième jour de projections au FNC a débuté avec une visite à La Grande kermesse des p’tits loups. Mon petit cinéphile préféré sur les genoux, j’ai assisté à plusieurs courts et moyens métrages jeunes publics. De la classique animation de pâte à modeler de Nick Park (Wallace & Gromit) à une série de films majoritairement réalisés pour la télévision allemande, cette séance du matin fut un plaisir. Juste après, mon p’tit loup put participer à plusieurs activités créatives et ludiques. Mission accomplie : le FNC tient à enchanter le public de demain, et ils ont bien raison!
Aquarius
de Kleber Mendonça Filho



Ce quatrième jour de projections au FNC me voit aussi passer la marque du 10e film! Toujours une petite fatigue à ce niveau-ci, mais poursuivons gaillardement notre périple. Et après la journée d’hier, continuons tout d’abord dans le cinéma engagé. Depuis sa présentation à Cannes en compétition officielle, Aquarius, deuxième long-métrage de Kleber Mendonça Filho, est un véritable phénomène : un réel succès populaire et une œuvre qui dérange. À Cannes, l’équipe avait monté les marches en brandissant des pancartes protestant contre la procédure de destitution de l’ex-présidente Dilma Rousseff, assimilée à un coup d’État. Le film lui-même est peut-être plus subtil que ses artisans, mais il n’empêche qu’Aquarius, tout portrait de femme qu’il est, reste aussi un récit politique qui embrasse large : corruption, népotisme, insécurité, censure… Portrait de femme et aussi portrait de lieu, car l’Aquarius est un immeuble majestueux, construit dans les années 40 au bord de la plage chic de Recife. Clara, une intellectuelle passionnée de musique, y vit depuis toujours. Elle y a élevé ses enfants et combattu un cancer du sein. À l’Aquarius, les meubles ont une mémoire. Mais voilà que le bâtiment jugé vétuste est racheté par une compagnie immobilière véreuse. Un à un, tous les locataires quittent ; Clara demeure seule, obstinée, résistante. L’affrontement passif-agressif entre la dame majestueuse et les bandits du profit provoque un suspense qui avance à tous petits pas sur un rythme inhabituel. Sonia Braga, dite « la Catherine Deneuve du Brésil », une actrice carrément sublime de beauté, de grâce et de posture inflexible, incarne à elle seule une certaine idée de la dignité.
The End
de Guillaume Nicloux



Après les rivages de Recife, direction la forêt de Fontainebleau où Gérard Depardieu, parti chasser, perd son chien puis se perd lui-même. The End est le premier projet français entièrement pensé et produit pour le cinéma en ligne : après des débuts plus classiques, le réalisateur Guillaume Nicloux prend définitivement une tangente champ gauche. Son Enlèvement de Michel Houellebecq demeure l’une de mes comédies récentes préférées. C’est maintenant Depardieu qui semble être sa muse privilégiée. Gégé perdu en forêt donc, confronté à la soif, à la faim, à l’effroi et à des rencontres surnaturelles : c’est l’argument de ce film écrit à partir d’un rêve. Un dispositif ultra-minimal dont les péripéties sont mystérieuses à souhait, provoquant certes une angoisse grandissante, mais aussi une certaine lassitude. Avertissement : ce vrai film de solitude extrême ne nous donne aucune, mais aucune clef, ce qui en agacera sûrement plusieurs. À noter que The End est précédé du court métrage Rhapsody de Constance Meyer, où l’ogre Depardieu est confronté à un adorable bébé, pour le meilleur cette fois-ci!
A Quiet Passion
de Terence Davies



La journée s’est terminée en poésie : après Pablo Neruda et l’Amérique du Sud des années 40, voici la Nouvelle-Angleterre de 1850 avec Emily Dickinson. Réalisateur hors normes, Terence Davies a choisi la poétesse hors normes pour nous offrir une biographie résolument non-conventionnelle. Austère, rigoureux et pictural, A Quiet Passion nous brosse un portrait de cette rebelle, corsetée par son époque puritaine. Dickinson ne s’est jamais mariée et a vécu toute sa vie en compagnie de sa famille dans la petite bourgade de Amherst. Excentrique, elle refusait d’aller à l’église et ne se vêtait que de blanc. La fin de sa vie se déroula dans une quasi-réclusion. De ses 2000 poèmes, seulement une dizaine furent publiés de son vivant, et rigoureusement retouchés par les éditeurs. Terence Davies voudrait bien nous faire entendre que le feu brûlait sous la glace… cependant son film ne décolle que très rarement d’un réalisme figé qui ne rend peut-être pas justice à l’intensité de l’écriture de Dickinson. Livré dans un abus de champ-contrechamp, A Quiet Passion n’est presque fait que des dialogues, certes remarquables : les salves des personnages sont parfois si acides que l’on se croirait dans Downton Abbey. Au moins, on n’aura pas infligé aux amoureux de Dickinson un téléfilm biographique sans esprit.
Bonne nouvelle, vous pouvez encore voir les trois films dans le cadre du FNC!
- Aquarius le samedi 15 octobre 18h au Quartier Latin.
- The End le jeudi 13 octobre à 17h au Quartier Latin.
- A Quiet Passion le dimanche 16 octobre à 13h au Quartier Latin.
Pour les P’tits Loups, il reste également des séances de projection des collections de cours métrages :
- Programme P’tits Loups 1, le samedi 15 octobre à 13h30 au Cinéma du Parc.
- Programme P’tits Loups 2, le mardi 11 octobre à 13h au Cinéma du Parc et le samedi 15 octobre à 13h15 au Quartier Latin.