FNC jour 2 :
poésie(s)
L’Effet aquatique
de Sólveig Anspach



Le deuxième jour du FNC a débuté par une comédie romantique française… eh oui. Dans cet océan de films intenses, ne négligeons pas les œuvres qui font du bien! Note de tristesse tout de même, L’Effet aquatique est un film posthume. Sa réalisatrice, Sólveig Anspach, est malheureusement décédée des suites d’un cancer en août dernier, elle qui justement avait été révélée en 1999 par un film autobiographique traitant de sa maladie (Haut les cœurs!). En guise de testament, elle nous offre un ravissant conte d’amour entre Samir, grutier à Montreuil, et Agathe, maître nageuse au centre sportif du quartier. Le premier aperçoit la seconde dans un café alors qu’elle envoie paître un dragueur intempestif. C’est le coup de foudre! Pour atteindre sa belle, Samir s’inscrit à des cours de natation et prétend ne pas savoir nager, un subterfuge qu’Agathe ne tardera pas à éventer. Furieuse, elle quitte le centre pour assister à un congrès de maîtres nageurs en Islande. Samir la suit. Entre quiproquos cocasses, électrocution par machine à café, vraie/fausse amnésie et couleurs nordiques locales, vous vous imaginez bien que ces deux-là finiront bien par se retrouver.
L’Effet aquatique est authentiquement hilarant avec ses cadrages inventifs et ses seconds rôles avec des têtes pas possible. Ne sous-estimez pas le potentiel d’humiliation d’une piscine publique! Mais il est aussi rétro, séduisant, fantaisiste, poétique. Ici, les scènes de rencontre et de séduction sont des ballets aquatiques. Se laisser porter dans l’eau, une très jolie métaphore de l’amour… et les fantastiques ambiances islandaises ajoutent au charme de l’ensemble.
Neruda
de Pablo Larraín



Ensuite, on change carrément de style avec le tout nouveau Pablo Larraín, Neruda. Le Chilien, définitivement un de mes favoris, est un habitué du FNC. C’est ici que je l’ai découvert il y a quelques années avec No, pour ensuite vivre le choc de El Club, Louve d’or du festival l’année dernière. Le réalisateur semble infatigable : il a proposé au dernier festival de Venise son premier film en anglais, une biographie de Jackie Kennedy, et le voici maintenant creusant le filon du portrait historique avec Neruda. Pablo Neruda, l’âme du Chili, le poète national, homme politique engagé, sénateur conspué à cause de son communisme affiché, passé dans la clandestinité en 1948, écrivant El Canto General, son œuvre totale. C’est à ce moment exact que le cueille Pablo Larraín. Ne comptez pas sur le réalisateur pour nous offrir un film classique : il se fiche bien de la véracité, à qui il préfère symboles et aphorismes. Neruda est essentiellement un affrontement entre deux hommes, le poète et le policier qui le poursuit. La voix off de ce dernier, un homme sans envergure, un « personnage secondaire », remplit l’espace sonore. Dans une forme très expressive et un montage polyphonique, les mots d’esprit fusent sans cesse de manière étourdissante. La traque devient fantastique. Et si la musique d’Arvo Pärt nous étourdissait dans El Club, c’est ici celle de Grieg et Penderecki qui nous hypnotise… La finale accumule longueurs et répétitions, mais le film, éclairé par les prestations de Luis Gnecco et Gaël Garcia Bernal, demeure une œuvre néo-noir assez magnétique.
L’Effet aquatique sera de nouveau en représentation au FNC mercredi prochain le 12 octobre à 15h30 au Quartier Latin. Neruda n’avait malheureusement qu’une seule représentation au FNC. Mais No et El Club ayant été distribués dans nos salles régulières, il nous est permis d’espérer!